Ren-contre céleste
VII Dimanche T.O. –
Paul ne parle-t-il pas de nous lorsqu’il dit : « Et, de même que nous avons revêtu l’image du terrestre, il nous faut revêtir aussi l’image du céleste » ( 1 Co 15, 49 ) ? Nous avons une icône en David de cet « homme céleste » qui a vraiment porté profondément en lui et dans sa vie la terrible « image de l’homme de terre » pour concevoir une passion aveuglante jusqu’à l’homicide. Mais ce « coeur » ( 1 Sa 16, 7 ) capable de reconnaître son propre péché, s’ouvrant à la miséricorde de Dieu, le rend capable, à son tour, d’user la miséricorde envers son « ennemi » ( 1 Sa 26, 8 ).
Le texte dit que « tout le monde dormait, car une torpeur venue de Dieu était venue sur eux » ( 1 Sa 26, 12 ). Le Seigneur semble aider David pour lui permettre de passer « de l’autre côté » ( 1 Sa 26, 13 ) où il pourra finalement et pleinement montrer à Saul- aveuglé par la jalousie – la vérité de son coeur. La vérité du coeur de David se manifeste dans sa capacité de ne pas éliminer « l’ennemi », mais de se poster devant lui « loin sur la cime de la montagne, créant un grand espace entre eux » (ib).
Le Seigneur Jésus est catégorique dans l’Evangile : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent » ( Lc 6, 27 ). Et, la première forme – la plus fondamentale – d’amour envers l’ennemi est de lui reconnaître le droit d’exister et de ne pas vouloir l’éliminer, mais, simplement de pouvoir le rencontrer, même à distance. Il ne faudrait pas sous-évaluer la force inhérente dans chaque rencontre et, déjà sémantiquement, elle porte en elle la force et le risque inclus dans toute relation qui, est toujours une façon de se trouver « contre », qui se résout par une rencontre, mais très souvent aussi – même par un bref passage de crise ou de croissance – elle génère un véritable affrontement. Si nous devions oublier ou sous-évaluer ce fait, il nous serait bien difficile de supporter l’atmosphère si pesante que l’on respire toujours autour du Seigneur Jésus lorsqu’il en prise avec ses opposants.
La genèse de toute inimitié est en fait la peur – plus ou moins fondée – que l’autre veut mon élimination. Saul pensa cela de David, incapable de penser que son problème n’était pas David, mais qu’il résidait dans son coeur malade qui s’était éloigné de Dieu. A celui qui a besoin d’entrer en relation avec nous, s’enveloppant dans le manteau de l’ennemi, nous avons le devoir de « ne pas refuser la tunique » ( Lc 6, 29 ) en espérant mettre à nu notre volonté de « ne pas tendre la main » ( 1 Sa 26, 23 ) contre notre frère-ennemi qui demeure toujours, par nature, un frère et, seulement par « culture- » parfois, par choix assumé ou subi – un ennemi.
Il n’est pas facile d’assumer cette nudité qui manifeste entièrement notre désir de nous donner « à celui qui demande » ( Lc 26, 30 ). Mais si derrière les questions absurdes de notre ennemi nous saurons reconnaître la peur – qui nous habite tous – de ne pas être suffisamment aimé ou d’être considéré comme indigne d’amour…alors tout nous viendra naturellement et nous saurons nous donner jusqu’au bout comme « une bonne mesure, tassée, secouée, débordante » ( Lc 6, 38 ). Forcément, quelqu’un doit commencer à inverser le courant de l’Histoire…e si c’était moi qui commençais ? Et si je commençais maintenant ?
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