L’innocence retrouvée
IMMACULEE CONCEPTION –
La première lecture nous emmène loin et, en réalité, ne fait pas autre chose que de nous aider à lire la réalité de notre vie, celle qui nous est la plus proche, et, par différents aspects, même la plus intime. Le premier dialogue avec le Très-Haut et notre humanité est dramatique et touche le point douloureux de notre réalité de créature avec qui, en réalité, nous avons tant de mal à nous réconcilier car, nous ne réussissons pas si facilement à nous accepter : ” Qui t’a dit que tu étais nu ? ” ( Ge 3, 11 ). Par cette question commence notre histoire du salut qui, en réalité, est un long processus d’innocence retrouvée où l’obstacle à surmonter est vraiment ce sentiment de ” honte”, qui, après l’émouvante stupéfaction face à la femme crée, est la première grande émotion de notre humanité. Nous fêtons aujourd’hui le mystère de Marie, la mère du Seigneur qui reste aussi toujours notre soeur en humanité. Les paroles embarrassantes par lesquelles l’homme se protège face au Très-Haut, sont réactualisées, avec une saveur très différente : ” La femme que tu as mise à mes côtés m’a donné du fruit de l’arbre et j’en ai mangé ” ( Ge 3, 12 ). De cette façon, Adam cherche à se justifier, mais, en réalité, il reconnaît ne pas avoir compris qu’être unis les uns aux autres est une opportunité pour mieux discerner en voyant mieux ensemble ” pour être saints et immaculés face à lui, dans la charité…pour louer la splendeur de sa grâce ” ( Eph 1, 4-6 ).
Face au dialogue entre le Créateur et ses créatures au jardin d’Eden, nous relisons l’histoire d’un autre dialogue : celui de Marie avec Gabriel. L’atmosphère est complètement différente car le dialogue est extrêmement franc et représente pour Marie une manière, non pas de se cacher face au désir de Dieu, mais de s’ouvrir à lui en toute liberté, en pleine conscience :” Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ” ( Lc 1, 38 ). Marie accueille et ne subit pas la volonté du Seigneur. Aujourd’hui nous contemplons, en Marie, une possibilité qui se trouve en chacun de nous et en tous : nous pouvons retrouver notre innocence dans la mesure où nous acceptons de nous y mesurer avec notre liberté et de l’exercer entièrement. Comme l’épouse promise de Joseph, nous nous posons des questions, capables ainsi d’y répondre sans oublier que nous sommes ” proches” les uns des autres pour nous soutenir et nous encourager sur ce chemin inéluctable et passionnant d’humanisation.
Aujourd’hui, nous proclamons Marie ” conçue sans péché originel ” car sa liberté face à Dieu, qui la rend ” servante du Seigneur ” ( Lc 1, 38 ), est capable d’envelopper sa vie depuis ses racines. La ” pleine de grâce ” ( 1, 28 ) est capable d’accueillir la grâce qui vient du Très-Haut de manière si totale que depuis les feuilles de son humanité en floraison, elle peut aller toucher et assainir ses racines entremêlées avec la terre de toute notre humanité…jusqu’à les purifier : ” rien n’est impossible à Dieu” ( 1, 36 ), mais non sans nous et jamais contre nous ! La prédestination qui a créé tant d’incompréhensions et de souffrances, n’est pas une négation de notre liberté, mais l’horizon – la lettre des Ephésiens utilise le terme prohorisô – où faire naviguer notre liberté jusqu’au port de sa pleine réalisation ” près” de Dieu et des autres.
Finalement, à la fin, Marie se reconnaît dans le projet de Dieu qui est le sien depuis toujours : être ” servante du Seigneur ” et pour cela, elle ne se cache pas, mais est nue devant Dieu, dans la vérité et l’audace d’être elle-même entièrement, pour devenir la femme appropriée à rendre fils de notre humanité le Verbe éternel du Père.
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